INTERVIEW
François de Rugy, député écologiste, défend une réunification de la Bretagne.
La réforme territoriale laisse pour l’instant en l’état les régions Bretagne et Pays de la Loire. Une hérésie pour François de Rugy, député écologiste de Loire-Atlantique, qui soutient le projet de Bretagne réunifiée, comprenant la Loire-Atlantique alors que d’autres élus du département, comme Jean-Marc Ayrault, défendent une grande région «Bretagne-Pays de la Loire». Entretien avec le coprésident du groupe écologiste, alors que l’Assemblée débute l’examen du texte ce mardi après-midi.
Pourquoi la Loire-Atlantique veut à tout prix faire partie de la Bretagne ?
Il y a une seule région en France où il y a une revendication de redécoupage depuis plusieurs dizaines d’années, une revendication réitérée par les élus, par les associations, par les citoyens. Cette région, c’est la Bretagne. Là, on se retrouve avec un redécoupage régional qui d’un côté ne propose pas la réunification de la Bretagne, et de l’autre satisfait d’autres revendications beaucoup plus faibles, comme en Normandie. On a l’impression qu’on fait tout pour empêcher l’émergence de régions qui ont une identité, une force. En Bretagne, c’est ressenti comme une forme de punition. Pour que les régions aient plus de pouvoirs, plus de compétences, et qu’elles soient plus légitimes, il faut qu’elles suscitent un sentiment d’appartenance. Ce sentiment d’appartenance est le plus fort en Bretagne que dans toutes les régions de France. Ce serait incroyable que l’on ne s’appuie pas là-dessus !
Si la fusion ne se fait pas, la Loire-Atlantique va-t-elle faire l’usage du «droit d’option», qui permettrait dans un deuxième temps aux départements de choisir leur région ?
Oui, c’est un plan B. Notre plan A, si je puis dire, c’est d’inscrire dans la loi une région Bretagne unifiée, qui aurait la bonne taille, et qui entrerait dans la logique de renforcement des régions. Si le gouvernement s’arc-boute, et que la fusion n’est pas actée, on aura toujours ce droit d’option. Ce qu’on ne fait pas dans la loi, on se laisse l’occasion de le faire dans un second temps. Mais il faudra rassembler une majorité des 3/5e. Ça risque d’être compliqué, c’est pour cela que nous sommes pour que ce droit de choisir soit soumis à une majorité simple, et non aux 3/5e. On réclame aussi qu’il y ait deux procédures possibles : soit via les élus, soit via les citoyens, par le biais d’une sorte de référendum populaire, pour laisser aux gens le droit de choisir.
Si la Loire-Atlantique rejoint la Bretagne, est-ce que les Pays de la Loire ne risquent pas de se retrouver affaiblis ?
Les Pays de la Loire sont une région artificielle, qui n’a aucun sens. C’est la région de France qui suscite le moins d’attachement, si l’on en croit les sondages. Les cinq départements des Pays de la Loire [Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe, Vendée] n’ont pas de lien entre eux. La Mayenne, limitrophe de l’Ille-et-Vilaine, en Bretagne, pourrait aussi faire usage de son droit d’option. Il va y avoir une forme d’effet domino, même si on n’a évidemment pas vocation à bouleverser une carte qui vient tout juste d’être adoptée. Le plus important, c’est que chacun puisse se poser la question de l’avenir qu’il préfère. C’est l’essence même de la démocratie.
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